Pendant que nous cherchons dans la techno ou les DJs un avenir potentiel aux talents régionaux, MARCEL et son inamovible ORCHESTRE continue de tourner devant des salles combles, d'enregistrer des disques qu'il produit lui-même et vend à plusieurs milliers d'exemplaires... Mais alors, MARCEL, c'est un DJ ou de la techno?

Que Pensez-vous des vacances ?
Franck et Agabouboum : ah ça, on en pense le plus grand bien car à l'époque à laquelle nous vivons, les vacances sont quand même une nécessité.
Franck : nous aimerions qu'un maximum de personnes puisse en profiter et qu'ils n'aient pas la gueule minée par des contrariétés. On pense que le travail est un mal. on est plutôt adeptes du droit à la paresse.

Présentez-nous le groupe.
Franck : à la guitare hawaiienne, il y a un guitariste qui s'appelle John Bob, JB, à la batterie, et parmi nous, Agabouboum, il y a un chant libre, Biloute et beaucoup de chants soutiens (trois ou quatre) et il y a percus, trombone, trompette, sax. On est sept sur scène et ça tourne. Le leader varie selon le morceau. Chacun prend la place qu'il a envie de prendre. Savoir qui occupe tel poste n'est pas la priorité. L'objectif est qu'il y ait une communion entre la salle et la scène, sans frontière.

Pourquoi MARCEL & SON ORCHESTRE?
Franck : il n'y a aucun Marcel. Au départ ce n'est pas un groupe mais plutôt une réaction, l'idée était de parasiter plein de manifestations de Boulogne-sur-mer, où beaucoup de groupes se la jouent américaine, lunettes noires, "as-tu vu ce que je sais faire", stéréotype du rock'n'roll. Finalement ça nous a agacés, on a décidé de créer un collectif depuis un café, et de réagir contre tout ce monde de l'apparence et du look. On s'est dit que le rock qui se la joue rebelle est finalement très conservateur. Donc on a voulu prendre le nom le plus handicapant possible, pour voir jusqu'où on peut porter un handicap dans un monde basé sur l'apparence. On s'est dit qu'on allait faire de la musique électrique avec un nom qui n'a rien à voir avec ça. La genèse date de 1989, et le groupe s'est vraiment structure en 1991-1992.
Agabouboum : on a découvert le printemps de Bourges, et on a commencé à s'exporter.
Franck : Il y a eu plusieurs formations depuis, et ceux qui restent sont ceux qui ne sont pas mariables (les boules !!)

Vous avez de l'humour ?
Franck : non

Que lisez-vous ?
Franck et Agabouhoum : Paul Guth, Hervé Bazin... En fait cela va de l'Equipe au Monde Diplomatique. On est curieux de tout, spécialistes en rien.

Quel est votre but dans la vie ?
Franck : échouer.
Agabouboum : l'échouement. Ce qui nous différencie de tous les autres groupes du monde qui veulent réussir.

Pensez vous que vous avez du succès ?
Franck : mais on veut échouer ! On est content, il se passe des choses : dans les régions où l'on va, il y a du monde qui se déplace, entre 400 et 600 personnes, sans difficulté. Des dates se préparent en Belgique, en Suisse, en Espagne; de plus, notre album se vend hyper bien : pour un groupe non signé qui ne bénéficie pas de support promotionnel, 10.000 ventes c'est énorme. Ce que j'espère, c'est que le rock ne devienne pas une compétition comme le football avec un classement, un top ten.
Agabouboum : mais ça existe déjà...

Quelles sont vos inspirations musicales ?
Franck et Agabouboum : c'est comme pour la littérature, on écoute tous des trucs différents. On a certains points communs la Mano, les Who, Ray Baretto avant 1973, la belle époque, du ska, de la salsa, ou des trucs plus classiques, les Rita Mitsouko, Pierre Vassilu... Nous n'avons pas de famille d'adoption.

Vos chansons : vécu ou fiction ?
Franck : ça dépend, l'objectif général est de s'attaquer à la bêtise, la médiocrité et la facilité. On essaie de le faire avec dérision et humour, pour se préserver car derrière tonte la méchanceté apparente il y aussi, pour chacun des "Marcels", un maximum de sensibilité. Par exemple "Stewball", c'est l'histoire d'un souffre-douleur que l'on a tous été ou contre lequel on a tous agi. Quand tu es gamin et que tu ne sais pas jouer au foot, c'est extrêmement cruel. Soit on te met aux buts, ou pire encore, tu fais le poteau... Et on en a dans le groupe des comme ça. Les enfants sont épouvantablement cruels. Des fois c'est du pur délire, quand on a abuse du vin rouge. La "7ème Compagnie" est venue comme ça, on a réfléchi a nos contre héros, des succès populaires, tout le monde a eu des goûts de chiotte, a vu Annie Cordy ou Carlos dans une foire commerciale, et on continue d'en avoir.
Agabouboum : moi j'aime bien Dave.
Franck : et moi, Michèle Torr, je trouve qu'elle écrit mieux que Louise Attaque

Pourquoi la "7ème Compagnie " et avez-vous une passion pour Jean Lefebvre ?
Franck : Non, je suis sur que c'est un gros con
Agabouboum : Il y a quand même quelques films qu'on apprécie tous, Ne nous fâchons pas
Franck : En même temps on a des difficultés avec les gens qui se compromettent, il a accepté tout et n'importe quoi. Darry Cowl, pareil. Il avait un vrai talent et il a fait les pires daubes. On a plus de sympathie pour des mecs qui ont décidé d'être infectes et qui ne se sont jamais compromis.

Vous connaissez vraiment Jean DJ à Paris dans une boite à la mode ?
Franck : On ne fréquente pas trop les boites, où il faut qu'on soit bien bourré.

Vous avez déjà perdu vos pantoufles ?
Franck : on n'en a pas. personnellement, je suis plutôt pieds nus sur la moquette ou le carrelage, mais cela me donne la diarrhée.

Faites vous du plagiat ?
Agabouboum : On fait du sampling, mais live.
Franck : Encore une fois, ne renions pas nos anciens goûts de crotte. Il ne faut pas se la jouer "j'ai toujours été abonné aux lnrocks" car tu as commencé, comme tout le monde, a demander comment on roule une galoche et c'est "O.K.Magazine" qui te l'a appris
Agabouboum : (Rires) Ah Ah Ah!
Franck : Oui c'est vrai monsieur.
Agabouboum : Moi je piquais les "Lui " de mon père.

Quel public visez vous ?
Franck : Les sexagénaires ! Non, les vieilles qui ont de l'expérience et des sous surtout!
Agabouboum : Le plus large possible, tout en étant populaires et pas populistes, et vice et versa.
Franck : Moi j'aime beaucoup les concerts où il y a des pères de famille qui se surprennent à danser à côté du pire des punks. Ils s'aperçoivent qu'ils peuvent s'amuser dans le même cadre, au même moment. J'aime les concerts ou des gens complètement différents se mélangent.

Que prônez vous et quelles sont vos valeurs ?
Franck : nous avons un discours citoyen. On appelle les gens à voter, pas "pour" ni "contre", mais voter tout simplement. On prône également la défense de l'environnement face à l'économie de marché. On n'a pas de dogmes. On sait qu'on est des citoyens du monde. Mieux que l'égalité, on prône l'équité.

Sur scène. jouez-vous un jeu ?
Franck : il est clair que sur scène, on a beaucoup plus de culot derrière un micro avec les watts et l'énervement que dans la vie de tous les jours. Pour ce qui est du déguisement, on pense qu'en civil on a des looks de cons, on n'a pas les moyens d'avoir des looks branchés et compagnie... En même temps, on répond à une tradition très nordiste, celle du carnaval. Ce grand charivari durant lequel on exorcise toutes les peurs, angoisses, faiblesses. C'est peut-être ça, Marcel & son Orchestre.

Avez-vous des souvenirs particuliers de concerts?
Franck : non, on est parfaitement amnésiques. La suivante...

Cela vous fait-il chaud au coeur de voir les fans faire les mêmes gestes que vous ?
Franck : oui, ça nous fait marrer devoir qu'on communie tous ensemble. A un certain moment, le spectacle est partout.

Préférez vous les petites salles plus conviviales ?
Franck : on n'a pas la même attitude. On est peut-être pas encore assez matures par rapport à la scène. Sur des trop grands plateaux, on a tendance à être trop rock et à oublier l'esprit "fête", "cabaret", qui est plus facile à générer quand tu vois le public, les yeux et la salle.

Avez-vous des projets ?
Agabouboum : faire construire, déjà.
Franck : oui, faire bâtir, racheter la bourse et en faire un atelier Mob. Non, sérieusement, on aimerait sortir de la catégorie prolos et se dire "j'ai les moyens d'emmener mon amoureuse en vacances". On aimerait bien sortir un album qui fasse plaisir à plein de monde avant la fin de l'année.

Pour les dessins, toujours le même ?
Franck : Cap'tain Nico est un poteau, c'est vraiment notre frère sur plein de points, mais il fait chier car il ne sait pas respecter des délais. En même temps, on aimerait bien avoir une collaboration entre plusieurs dessinateurs. Pourquoi ne pas créer plusieurs pochettes pour un même disque ! Autant se la jouer mégalos.

Quel âge avez-vous ?
Franck et Agabouboum : c'est variable! Ça dépend de notre interlocuteur ou interlocutrice, de notre degré d'alcool. Après 20 grammes, que ce soit garçon ou fille, c'est pas grave. On a l'âge où si on sort avec une fille de 14 ans, c'est pas net.




Marcel et son orchestre, c'est votre vrai nom ?
Non, c'est un pseudo...Vous savez, les artistes ont besoin de préserver leur intimité ! On aurait aimé s'appeler Pink Floyd, mais on était pas assez country et il parait qu'un autre groupe s'appelait déjà comme ça ! Y'avait aussi Crosby Stills Nash and Young qui nous plaisait, mais on est sept. Marcel est un nom qui colle à notre style « Youpi death groovy métal » !

Le retour du disco vous a profondément ému, je crois ?
Pas qu'un peu ! Depuis le temps que j'attendais une occasion de remettre le pantalon de ma communion solennelle et puis, le néolibéralisme de l'ancien, premier ministre, je savais pas danser dessus, beaucoup trop froid, tu vois...Trop indus, pas assez métissé j'veux dire !

Votre combat pour le retour des valeurs immorales et le rétablissement des bas instincts, gagne chaque jour le coeur de millions de femmes, ne craignez-vous pas un repli frileux des marchés financiers ?
OM ! Ou Yahoga à vous de choisir ! Quand on a fait l'école du vice, les portes s'ouvrent !

On annonce la sortie prochaine d'un quatre titres intitulé « Disez pas sans l'sachant », pourquoi ?
Il faut remettre du désordre Monsieur, de la fantaisie, tout fout l'camp, voyez vous...Il y a bien longtemps que je n'ai pas vu un groupe de techno, rap, rock ou de chant grégorien jouer en tongues.

Vous avez lancé une ligne de vêtement, ce fut un fumant échec, comment le vivez-vous ?
Nous étions trop novateurs, les gens ne sont pas encore prêts pour les strings et les chaussettes à capuches.

Pensez-vous que les gens auraient trop tendance à être tendance ?
Absolument ! Aujourd'hui le monde entier a attrapé le virus panoplie. Il faut paraître à tout prix...Je vais finir par croire que seul les gens ordinaires sont extraordinaires ! Il faut bien dire ce qu'il en est, les modes me cassent le cul ! Il y a tellement de branchés, nez pincés, tatoués, pompes de chantiers, cheveux colorés que maintenant, lorsque je croise un mec avec un « baise en ville », un pantalon en Tergal et une chemisette à carreaux, je me retourne sur lui, c'est carrément le look extrême !

Votre musique est très festive, vous n'aimez donc pas la vie ?
Be a youpi groovy heavy crazy sexy family member !

Avez-vous quelque chose de Tennessee ?
We are the rock'n beauf attitude ! Lâche, méchant, sournois, comme tout l'monde ! Le mauvais goût est un art de vivre ! On aime appuyer là où ça fait mal !

Que passez-vous dans vos soirées-banquets, comme musique ?
Bootsy Collins, Golo, Fela, Toots and the Maytals, Peter et Sloane, James Brown, Tito Puente, Rose Laurens, The Skatelites, Clash, Dead Kennedys, Nino Ferrer et Bézu.

Que pensez-vous de la scène française actuelle ?
Beaucoup de bien, très diversifiée.

Quelques noms peut-être ?
Spook and the Guay, Skaferlatine, La Ruda Salska, Jungle Beanz, Massilia Sound, System, Gnawa Diffusion, Les Fabulous Trobadors, Useless, Mass Hystéria, Louise Attaque, Adieu, Les Têtes Raides, Les Belles Lurettes...Y'a un milliard de super groupes en fait.

Vous avez une petite recette à vous je crois, pour donner vraiment le meilleur de vous même à vos fans ?
Oui, alors tu prends une boule de Ricard, tu y verses de la chantilly, un zeste de citron, un doigt de vin rouge...Tu verses le tout dans un bol de café noir et pour finir tu accompagnes le tout de betteraves rouges, hum, vous pisserez fluo...C'est très in dans les soirées techno !




Let's Skank: Bon... Ben... Euh... Si on commençait par le commencement, à savoir, à qui ai-je à faire?
Moi c'est Frank, ils m'appellent tous Mouloud mais je ne peux pas expliquer pourquoi... Je fais chant, percus et agitations en tout genre. Moi, c'est Jean Paul Belmondo, je suis cinéaste. Moi, c'est Tybal, mais je ne peux pas dire pourquoi. En fait, c'est à cause de mon nom de famille qui est assez cocasse. Je fais du sax et quelques chorégraphies.

L.S: Quant aux deux timides, ils n'ont pas le droit à la parole?
Moi c'est Tof : trompette, trombone, guitare et chant. Et je vous présente Jean-Jean qui est le tout nouveau chanteur de Marcel et Son Orchestre et qui fait aujourd'hui son tout premier concert. En coeur: C'est un chanteur muet! Jean Jean: Et ma soeur, son beau père c'est le cousin à la cuisinière de Johnny Hallyday. Jean Paul Belmondo: Il a travaillé dans le showbiz.

L.S: Maintenant une question piège: l'historique du groupe?
F: Ouch! On va essayer de faire vite. Ca débute à Boulogne sur Mer, fin 89, par l'envie de déconner de réagir face à un ou deux groupes qui existaient à l'époque et qui se la jouaient poseur, terrasse, lunettes noires, santiags... C'était le rêve américain à Boulogne sur Mer. Ils avaient même sorti un album qui s'appelait: Just For A Cadillac! On avait trouvé ça ridicule. On avait jamais vu une cadillac à Boulogne sur Mer, donc on s'est dit pour la fête de la musique, on va jouer juste après eux. On va monter un groupe, un pipeau, on va s'appeler Marcel et son Orchestre... Et puis on a fait un morceau qui s'appelait Rien que pour une Renault 12. Après on a fait quelques concerts, on s'est un peu structuré, on nous a contacté pour quelques festivals, et depuis six ans maintenant on est sur la route. Huit ans, en fait!
JP.B: Et on a jamais trouvé le chemin pour rentrer à la maison, parce qu'y a un p'tit con qui s'est amusé à ramassé les cailloux derrière nous!

L.S: Vous avez quand même trouvé le chemin d'un studio pour faire un disque, non?
F: On a fait pas mal de chose avant: des démos autoproduites, une cassette tirée à 300 ex; qui s'appelait: Bel Air, un CD 5 titres en 94 tiré à 2500 ex. et qui est épuisé. Aujourd'hui on a un album qui s'intitule Sale Bâtard, parce que pour nous c'est affectif, c'est le moyen de dire qu'on est tous apatride, bâtard quelque part. On est tous enfant d'immigrés. On trouvait que Sale Bâtard c'était plus sympa. Il est sorti en mai 96 et aujourd'hui on en est à 4000 ventes (ndlr: 5000 à la fin août). On a commencé par faire quelques dépôts, à la Fnac Lille, chez des indés,... et surtout lors des concerts. Depuis Septembre on est distribué par Tripsichord.

L.S: Comme beaucoup d'autres groupes, votre histoire est parsemée de départs et d'arrivées, j'imagine...
F: On a fait énormément de concerts de soutien, et ça n'a pas nourri son homme...
JP.B: Et à c't'âge là, ça mange !
F: Certains étaient amoureux, ont eu des bébés, ou ont choisi de vivre autrement...

L.S: Ce disque, vous en êtes satisfait. Des regrets ?
F: C'est vrai que ça ne restitue pas tout le délire qui peut y avoir sur scène. Mais il y a qu'en même les textes qui expliquent bien tout ça... Oui, on est assez satisfait. Il y a un ou deux titres qu'on assume pas bien au niveau des textes.
T: Pour un disque autoproduit, réalisé en huit jour, on est assez content. Ca sonne bien...
F: Ouai contenu des délais et du budget on est content. Mais "Politiquement X", aujourd'hui on a des réserves. Personnellement j'aime pas, le texte ne passe pas. Il y a la manière de dire les choses et là, on devait être un peu saoul. Ca nous a fait rire sur le coup et c'est le problème de l'enthousiasme, on est vite débordé. On essaie d'avoir un peu plus de recul. Il y a toujours un côté second degré, réagir contre les beaufs, et là je trouve que le second degré on ne le sent pas !

L.S: Dans le livret de l'album on ne trouve ni photo, ni nom. C'est forcément quelque chose de volontaire, non ?
F: On voulait tellement déconner, mettre des salutations, des remerciements,... Marcel ce sont les mecs qui nous font marrer, maintenant de savoir que je m'appelle Franck ils n'en n'ont rien à cirer...
JP.B: En plus, il est assez rare que je m'habille comme à la scène en ville !
F: Pour nous c'était un détail...
JP.B: C'est vrai que question look, ç'aurait été bien, mais bon...
F: Le problème, c'est que vu comment on est sapé, on ne peut pas emballer. Soit elles sont ivres mortes, soit ce sont des hommes.
JP.B: Et souvent ce sont des hommes ivres morts.

L.S: Sur un plan plus musical, comment viennent les influences des divers titres ?
F: C'est marrant parce qu'on est un groupe où au niveau des influences personne n'est d'accord, mais tout le monde est curieux. Ca va du jazz, de la funk, de la soul, fusion, du reggae, du rocksteady, de la techno ou de la salsa. Alors pour la construction on a un rythmique de base et puis quelqu'un va vouloir y mettre un plan trash, tandis qu'un autre y verrait plutôt du ska. A l'arrivée on se retrouve avec les deux parce que personne n'a lâché. C'est notre cocktail! Pour les influences communes on est tous fans des Skatalites, Toots...
T: Hot Video...
JP.B: Cela n'engage que toi!
F: Tito Puente, Ray deco/barre_camembertto et des milliards d'autres trucs.
Tof: Moi dernièrement je suis tombé raide dingue d'un groupe brésilien qui s'appelle Skank.
(S'en suit une petite discussion sur les talents du dit combo et je ne sais comment on débouche sur le rock alternatif!).

L.S: Votre cocktail rappelle pas mal l'époque du rock alternatif...
F: Tout à fait... Je vais parler pour moi, mais je considère que les Wampas c'est le plus grand groupe rock du monde. C'est trop beau, c'est vraiment un groupe dont on est fan et puis ça était un plaisir total. Chacun sortait de sa chapelle, on mélangeait tous les styles, tous les genres, etc. C'était très fédérateur et il y avait le sourire. Là on est reparti, et ça me gêne un peu, dans un rock très conservateur: on fait la gueule, on est conscient, on prend la pose. Et puis ça nous a mis une claque! On a eu la chance de jouer avec la Mano Negra, en 91 et on s'est croisé à plusieurs reprises.
Tof: Et Kršpol il m'a donné son embout de trombone, nah!

L.S: Vous avez la chance de pas mal jouer et de pas mal tourner. On a le sentiment qu'il se forme une petite famille, ce n'est qu'une impression?
F: C'est un peu vrai. Il y a les copains de la Ruda, les Spook & The Guay, Skaferlatine, Tof:... On a aussi croisé les Maximum Kouette dernièrement
T: Et puis Jungle Beanz de Lille
F: Useless... On a envie de fédérer la sympathie, tous les gens qui ont le sourire. L'objectif c'est de faire des échanges. Ce groupe là nous a fait flasher, allez hop on l'invite. On se démerdera avec nos moyens, ils dormiront à la maison,... On a plus de mal avec la scène métal, death métal... ou même rap. Pourtant on en écoute, mais le fait de faire la gueule, le côté poseur. Les mecs prennent des airs investit pour balancer des généralités, des séries d'évidences. C'est triste à dire mais bien souvent ils enfoncent des portes ouvertes. On le sait que dans les banlieues ça craint, que les flics sont méchants. C'est pas nécessaire de faire 2000 textes la dessus. C'est à se demander si ce n'est pas devenu un laissez-passer pour avoir une... la fameuse identité : je suis radical ! Dans ce cas là, je revendique des textes popol-lyrics!
(grand rire) JP.B: On voit qu'il a fait des études, il est cadre dans une mairie!

L.S: Ce côté "popol" on le trouve aussi dans le graphisme...
F: Chez Marcel, les influences ne sont pas que musicales. On est fan de Reiser, de Cavana, Edika...
JP.B: de Calvin Klein (éclats de rire)
F: Tous les trucs, que ce soit Garcimore, Jean Lefevre, Castelli,... On a même une dédicace de C. Jérome dont on est très fier. On délire sur les beaufs, mais on les aime bien. On est tous le beauf de quelqu'un. On a des forces et des faiblesses, on est tous brillant et sale con,.. lâche et courageux. Il ne faut pas croire qu'il y ait les purs et les immondes, on a tous notre dose de "pourrité".
JP.B: Je ne suis pas sûr que ce soit dans le dico...

L.S: Aline (une amie lilloise venue spécialement pour voir Marcel et son orchestre !) me faisait remarquer que l'esprit du groupe était assez proche du carnaval de Dunkerque.
F: L'esprit, c'est NY Dolls qui aurait loupé un avion et qui se retrouve au carnaval de Dunkerque, Le Portel. (...) C'est vrai que nos costumes viennent de là, on récupère tout ce qui traine à la maison, les vielles fringues. Et dans les mariages, il y a toujours un tonton qui s'habille en femme,... Même si c'est complètement raté, il y a une envie de faire marrer, de fédérer. C'est vrai que j'aime les formules, mais pour des gens : c'est diviser pour mieux régner, nous c'est: rassembler pour pas régner.

L.S: Justement les échos de vos concerts, c'est que vous drainer une véritable horde de fans qui viennent déguisés.
Tof: Ce qu'on constate en concert, sur Lille ou ailleurs, c'est que dans le public tu trouves de tout : des familles et toutes les tribus du rock. Ca va du trasheur en short noir, à côté d'un punk...
F: Notre but, c'est de faire passer un moment et que tout le monde se marre. C'est ça aussi le carnaval. C'est le moment où tu exorcises tous tes problèmes, tes angoisses. Marcel c'est ça ! Bien sûr, on rappelle nos problèmes, une petite vanne en passant, parce qu'on est pas non plus décérébré.

L.S :En ce moment, ça fonctionne pas mal pour Marcel, c'est pas difficile à gérer ?
F: Au début, on ne pensait pas à se structurer. On avait une situation assez confortable: un statut étudiant, des bourses, des petits boulots et ça le faisait. Après, tu pars de chez tes parents, il faut payer le loyer, les charges. Alors pour survivre il faut pouvoir se nourrir et la musique ne le permet pas vraiment. Maintenant on a la chance d'avoir deux tourneurs: Tourbillon pour le Nord, la Belgique, l'Allemagne et la Suisse. Et Quai Ouest pour le grand Ouest. Grâce à ça, les cachets ont augmenté et on peut désormais envisager l'intermittence du spectacle. L'objectif ce n'est pas de se mettre plein d'argent dans les poches mais être smicard de la musique, c'est déjà vachement bien.

L.S: Ca vous permet aussi de nourrir des projets comme ce nouveau mini-CD.
F: Il y a un CD, 4 titres, qui sort normalement le deux Juillet, qui est en ce moment même à la presse. La promo débutera en Septembre.

L.S: C'est dans un but uniquement promotionnel ?
F: Il y a les deux choses. Si c'était uniquement promo, ce serait gênant car on a pas les moyens. On a donc tiré 500 CD cartons (ndlr: la pochette) pour les envois promos. C'est la première fois que l'on se décide à communiquer, car par exemple, sur l'album, on a fait zéro envoi maison de disque, presse spécialisée... On est vraiment des mauvais dans ce domaine car on a l'impression de faire la pute : excusez moi, vous n'auriez pas envie de parler de moi, c'est vachement bien ce que je fais. On préfère "communiquer" en faisant des concerts. D'un autre côté, un journaliste lillois m'expliquait qu'il avait vécu cela comme un manque de respect. Ils ne nous contactent pas car notre journal ne les intéresse pas. Ils nous snobent. C'est pas ça, franchement, on est pudique.

L.S: Malgré ça, le bouche à oreille fonctionne, non ?
F: Je crois que ça finit par se savoir, sans me passer de la pommade, mais on met le feu partout où l'on passe. Il y a toujours du monde, les gens sont contents, les organisateurs veulent te faire revenir, les cafés sont pleins, les salles de concert aussi. Or on ne remplit pas ces salles comme ça, par l'opération du saint esprit. Il se passe donc quelque chose. De ce côté là on est totalement alternatif : ils viendront nous chercher! Et ça commence à bouger: on va faire les Eurokéennes, on a fait le Rock'n'Solex. Ce qui fait le plus plaisir, c'est d'être apprécié par des groupes que tu aimes. C'est une sorte de reconnaissance. [...] Aujourd'hui on a fait le choix. On est prêt à se mettre un peu en difficulté, consacrer du temps, jouer un maximum. Avant on avait du temps, on pouvait faire 80 à 120 dates, aujourd'hui on en fait 60 à 80 mais on se rend disponible. Si on devait lâcher nos boulots, on le ferait, parce qu'on préfère faire les cons, être sur la route et rencontrer du monde.

L.S: Vous n'avez jamais eu peur que ce nom puisse vous desservir ?
F: C'est vrai qu'au départ on a choisit le nom le plus ridicule possible, et bien voyons où on peut aller avec ce nom, dans un monde qui est aussi accès sur l'apparence, les tendances, etc. C'est rigolo car aujourd'hui la presse musicale est divisée en cinquante chapelles qui parlent toutes de rassembler et dès qu'un groupe n'est plus dans la tendance, il est "has been". Il y a des procès d'intention comme je n'ai jamais vu. Ca tu le constates dans le monde hardcore ou dans le rap. Mc Solaar est devenu un traitre à la cause. C'est du délire. Ils sont tous ultra-conscient, ils ont tous tout compris. Nous on est des abrutis, on a rien compris et on ne veut pas vivre dans l'apparence. Si on s'habille en clown c'est aussi parce qu'on a pas les moyens de faire autrement.
Tof: On préfère être habillé par Kiloshop que par Ungaro.
F: Ca me fatigue de voir ces gars qui font un procès à la société de consommation et qui en ont tous les attributs sur eux.